Éric Bédard s'exile en Allemagne
Le Nouvelliste (Trois-Rivières)Sports, mardi, 24 juin 2008, p. 34
L'Heureux, Serge - 24 juin 2008
Trois-Rivières - Snobé par l'équipe nationale de patinage de vitesse courte piste au Canada, Éric Bédard a décidé de se tourner vers l'Allemagne pour poursuivre son apprentissage sur la scène internationale. L'ancien patineur de Sainte-Thècle, devenu entraîneur du Club Montréal International en 2006, a en effet accepté le poste d'entraîneur-chef de l'équipe nationale allemande de courte piste. Dès le 20 juillet prochain, Bédard ira donc s'installer à Dresde, dans l'ancienne Allemagne de l'Est, pour les deux prochaines années. Les premiers contacts avec les Allemands remontent à mai dernier.
"Ce sont eux qui m'ont appelé", précise celui qui s'est rendu en Allemagne, du 9 au 19 juin derniers, pour "épier" l'équipe et... négocier. "Ils m'ont fait une offre que je ne pouvais pas vraiment refuser", ajoute Bédard, qui a obtenu tout ce qu'il voulait, c'est-à-dire la responsabilité complète du programme courte piste. "Je vais être responsable de toute la structure, des participations en Coupe du monde et du développement des meilleurs juniors pour les Jeux de 2014."Bédard n'a jamais caché son intention d'accéder au niveau international, avant même de mettre un terme à sa carrière de patineur après les Jeux de Turin en 2006. Il avait même eu des contacts avec certains pays, dont la France, mais l'offre des Allemands était trop belle pour qu'il puisse la refuser, malgré les sacrifices qu'elle entraînera.
"C'est certain que c'est une grosse décision, ça n'a pas été évident, reconnaît-il. J'ai pensé aux conséquences de ce que je laisse ici, de la famille et de l'avancement du sport, mais si je veux poursuivre mon cheminement pour atteindre mon objectif d'être parmi les meilleurs coachs au monde, je ne pouvais pas passer à côté de ça. Ce n'est pas un coup de tête."En Allemagne, Bédard prendra en mains une équipe de milieu de peloton, qui n'a jamais gagné une médaille individuelle en Coupe du monde.
"Ils sont moins forts que le Canada, c'est clair, reconnaît-il. Mais leur équipe de relais a déjà gagné le Championnat d'Europe, et a participé aux derniers Jeux olympiques. Les Allemands se situent dans le groupe des 4 à 12 meilleures équipes, selon moi."À Dresde, Bédard dirigera une quinzaine d'athlètes, dont quatre ou cinq juniors, dans des installations incomparables, selon lui.
"C'est le complexe idéal pour s'entraîner, dans un aréna tout neuf avec deux patinoires olympiques et toutes les installations nécessaires. Il n'y a rien de comparable au Québec. En plus, les Allemands sont avancés dans les technologies de pointe reliées au sport; en travaillant avec une équipe nationale, ça donne accès à des ressources qu'un club comme Montréal Inter ne peut pas me donner."Bédard a signé une entente - avec voiture et appartement - jusqu'en avril 2010, soit après les Jeux de Vancouver. À ce moment-là, il pourrait opter pour un retour au Canada ou... quatre autres années en Allemagne.
"Si je veux coacher au Canada, j'aurai pris de l'expérience au niveau international, et démontré que je suis capable de bâtir un pays et de l'amener aux Olympiques. Mais je peux aussi décider de rester en Allemagne si je me plais dans ce milieu-là, et dans leur structure", souligne-t-il.Sa décision a été accueillie de façon mitigée par le club Montréal Inter. "D'un côté, ils sont super contents pour moi, mais, de l'autre, ils sont déçus pour les athlètes. On a quand même bâti quelque chose de bien, ces deux dernières années", assure Bédard, qui aura d'ailleurs son mot à dire dans le choix de son successeur. Après ça, un nouveau défi l'attend en Allemagne.
"C'est toute une aventure! Mais je pense qu'il y a quelque chose d'intéressant à bâtir dans ce pays-là. Je vois ça comme une expérience qui va m'amener du positif", conclut-il.
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