jeudi 15 novembre 2007

Peut-on encore croire au sport et à l'authenticité des performances?

Jean-François Bégin - La Presse - 14 novembre 2007
Alors que s'ouvre à Madrid la troisième Conférence mondiale sur le dopage sportif, j'ai posé la question à cinq athlètes issus d'horizons différents. Leurs réponses témoignent d'un indéniable scepticisme qui, pour autant, n'est pas encore parvenu à effilocher leur profond amour du sport.
L'une de ces athlètes, la cycliste et patineuse Clara Hughes, cite en l'approuvant une observation du shérif de l'antidopage, Dick Pound, dont le successeur à la tête de l'Agence mondiale antidopage sera choisi cette semaine.

«Si ça a l'air trop beau pour être vrai, c'est sans doute parce que c'est trop beau pour être vrai», a dit un jour l'avocat montréalais.
Peut-être. Pourtant, ai-je souligné à la quintuple médaillée olympique, ne pourrait-on pas appliquer le même raisonnement à la médaille d'or qu'elle a gagnée dans une souffrance indicible aux Jeux de Turin? «Je sais», a-t-elle soupiré.
L'opinion des sportifs
Clara Hughes, cycliste et patineuse de vitesse. Gagnante de cinq médailles, dont une d'or, aux JO d'Atlanta, de Salt Lake City et de Turin. Seul athlète canadien de l'histoire médaillé aux Jeux d'hiver et d'été. Vise l'or au 5000 m des Jeux de Vancouver, en 2010.
«Je crois au sport. Vraiment. Pendant toute ma carrière d'athlète, j'ai été confrontée à des adversaires que je savais dopées. J'ai accepté le fait que je ne pouvais pas tout gagner. Mais j'ai l'intime conviction qu'au moins une fois dans l'année, ou aux quatre ans, quand je suis à mon mieux mentalement et physiquement, je peux encore gagner. J'en ai la certitude. «Le sport est un microcosme de la société. La corruption existe partout, que ce soit dans les affaires, les gouvernements ou la religion. Mais le sport, comme la société, a aussi des héros et des gens intègres qui ont de solides assises morales et ne trichent pas. Malheureusement, on n'en parle pas. On s'intéresse plus au sensationnel, au dopage, aux scandales. Et les gens finissent par croire qu'il n'y a rien de bon dans le sport. Moi, ce qu'il y a de bon, je le vois tous les jours. Ma coéquipière Cindy Klassen détient trois records du monde. Je la vois s'entraîner, je suis témoin de ses luttes, de ses hauts et de ses bas et ça m'inspire. «Et puis j'aime encore regarder le Tour de France. J'ai payé 100$ juste pour avoir le câble en juillet! J'aime le spectacle, le drame, la douleur, la souffrance qu'offre le Tour. Malgré tous les scandales, j'y reviens encore.»

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